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Rêveurs, roman,
Gallimard, 2012

Ce livre est né de l'alternance, dans ma vie, depuis 1985, de deux décors géographiques et humains : la France et l'Égypte. Chaque année,  j'enchaîne de quatre à six fois de l'un à l'autre. Chaque fois, je mesure toutes les différences. En particulier entre l'infatigable capharnaüm égyptien et la morne asepsie française. Au début, c'était  cela que je voulais traiter, au travers de deux adolescents que tout oppose : un français comblé et mourant d'ennui, un égyptien misérable et vivant intensément. Une charge contre l'Occident, un éloge de l'Orient. En écrivant, tout est devenu plus nuancé, et je crois plus juste. Mes deux adolescents ont fini par s'agréger dans une même figure universellement partagée : celle de l'insatisfait, du rêveur.
Nathan est un lycéen français vivant dans une banlieue confortable, choyé par son père, aimé par une jolie Manon. Mais pris au piège entre l'ennui du quotidien et la peur de l'inconnu. Il se réfugie dans le monde virtuel de ses jeux vidéo et celui, plus dangereux, du jeu du foulard, du 'rêve indien' : pour retrouver les visions qu'il aime, il s'étrangle, il se pend. Goma est un enfant des rues du Caire. Il a grandi dans un quartier misérable et surpeuplé en compagnie d'autres gamins affamés, manquant de tout, brutalisés par la police. Pour survivre, il est ramasseur de cartons ou pousseur de balançoire. Il n'a qu'un rêve : partir. La chute de Moubarak, les manifestations de la place Tahrir, auxquelles il participe, lui donnent un temps l'espoir d'une vie meilleure. Nathan et Goma ne se connaissent pas, vivent à trois mille kilomètres l'un de l'autre. Pourtant, avant même de se rencontrer, ils sont inséparables.



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